La Vérité (+) : Aujourd’hui, vous terminez dix ans de mandat en tant que députée de Madagascar. Quel aura été votre ou vos meilleurs souvenirs ?
Aina Rafenomanantsoa (=) : Je dirais que mes meilleurs souvenirs sont étroitement liés avec les nombreuses interactions avec la population au cours de mes descentes sur le terrain. En effet, j’effectuais quasiment des déplacements mensuels dans les quartiers sauf pendant les périodes de session.
(+) : Qu’est – ce qui vous a alors le plus marqué ?
(=) : Mon combat contre le projet de loi portant sur l’Interruption volontaire de grossesse (ITG) m’a profondément marquée. Je me suis battue pour m’opposer à ce projet de texte à l’Assemblée nationale.
(+) : Qu’en est - il de vos pires souvenirs alors ?
(=) : Mon pire souvenir est également lié au combat que j’ai mené et que j’ai cité précédemment. J’ai fait l’objet de violentes attaques personnelles à cause de ma position défavorable vis-à-vis de l’ITG.
(+) : En termes de réalisations, vous avez particulièrement brillé par les actions sociales dans le 3ème Arrondissement. Etait - ce sous votre initiative ou est - ce que les gens vous sollicitaient ?
(=) : En effet, j’ai essayé de répondre aux nombreuses sollicitations des habitants dans les Fokontany. Pendant les descentes, je demandais leurs principaux besoins et ils n’hésitaient pas à se confier surtout par rapport à l’insécurité. C’est en fonction de ces échanges que j’ai entrepris des chantiers comme la réhabilitation des ruelles, l’installation de lampadaires pour l’éclairage, entre autres.
(+) : Les députés sont souvent critiqués pour une certaine focalisation sur les actions sociales au lieu de se consacrer entièrement à leurs missions de législateurs. Qu’en pensez-vous ?
(=) : Il faut savoir qu’une année parlementaire comporte deux sessions ordinaires qui nous permettent notamment de débattre ou d’adopter des projets de loi, mais entretemps on ne peut pas fermer les yeux sur les besoins de la population qui ne peuvent pas attendre et doivent être résolus dans l’immédiat. C’est pour cette raison que les actions sociales sont toutes aussi importantes.
(+) : Comment avez – vous vécu la discipline de parti au cours de ces dix années de mandat ?
(=) : Certes, il y a des décisions ou des lignes de conduite qui ne sont pas forcément en adéquation avec nos opinions ou nos convictions personnelles mais on se doit de respecter la discipline de parti. Et le respect de cette discipline est aussi une question d’éthique politique. On peut choisir de ne pas prendre position mais pas aller à l’encontre de la ligne de conduite du parti.
(+) : Beaucoup s’interrogent sur les raisons de votre décision de ne pas briguer un 3ème mandat ?
(=) : C’est une question d’organisation au sein de notre parti politique. Je tiens à souligner que c’est le Président Andry Rajoelina, en personne, qui m’avait appelée en 2013 et demandée de me présenter en tant que candidat à la députation. J’ai accepté car je considère que c’était un devoir. Il m’a ouvert la porte vers cette mission de parlementaire que j’ai exercée en toute loyauté et droiture durant ces dix années. C’est également le Président qui m’a dit que ma mission s’arrête ici et je m’y suis conformée. Ce fut donc d’autres candidats qui ont été présentés par le parti.
(+): Est – ce que votre soutien au Président Andry Rajoelina est donc intact ?
(=) : Je suis reconnaissante envers le Président de m’avoir permis de servir le pays à travers l’Assemblée nationale et je n’ai aucune raison de ne pas le soutenir.
(+) : Qu’en sera – t – il alors de la suite de votre carrière politique ?
(=) : Pour le moment, je me retire de la vie politique. Toutefois, je continuerai de servir le pays même sans poste politique. Je poursuivrai les actions sociales que j’ai déjà entreprises durant ces 10 années.
Propos recueillis par Sandra Rabearisoa